J'ai réalisé ce blog consacré à Auguste Salaün,
J'ai réalisé ce blog consacré à Auguste Salaün, mon grand-père,
pour contribuer à faire savoir quel musicien virtuose et libre il fut.
Virtuose de la bombarde (même s'il jouait d'autres instruments),
et libre dans ses choix, il interprétait bien sûr des gavottes,
bals, jabadao, marches,
dont la "marche des lutteurs" qu'il composa, mais aussi des
airs empruntés à d'autres répertoires musicaux, qu'il adaptait,
qu'il interprétait, dont "perles de cristal" dans un jeu
époustouflant!
Et même des airs issus du répertoire classique.
Il alliait donc tradition et modernité, n'en déplaise à certains.
Il disait aussi être à la fois le plus jeune
et le plus vieux sonneur, car il commença à jouer à Bannalec et
dans les communes avoisinantes dès ses onze et douze ans! et qu'à
soixante-dix-neuf ans, peu avant son décès, il jouait encore
remarquablement.
Libre aussi, car s'il a toujours été ouvert à d'autres musiques
qu'il pouvait adapter, interpréter, il refusait de se faire
"instrumentaliser" lorsqu'on voulait lui imposer des choses
dont il ne voulait pas!
(Il ne fallait surtout pas lui faire de "crasses" comme
il disait...)
Il lui a donc fallu résister pour exister dans les mutations
de l'après-guerre 14-18, puis dans celles de l'après-guerre
39-45.
Car il défendait le couple traditionnel biniou-bombarde quand
fut importée la cornemuse et créés les bagadou.
Pendant la guerre 14-18, il fut incorporé dans un régiment
d'artillerie à pied le 17 mars 1917. Il fut blessé le 29 avril puis
le 20 août de la même année. Puis à nouveau le 26 mai 1918, où
il fut intoxiqué par gaz, ce qui lui laissera des séquelles
aux yeux.
Pendant la guerre 39-45, il entra dans la Résistance.
Il reçu la carte de Combattant Volontaire de la Résistance
le 1er juin 1959.
Son frère Louis Salaün, né le 22 novembre 1899 à Bannalec,
fut déporté de Compiègne, le 27 janvier 1944 vers le camp
de concentration (KL) de Buchenwald (matricule 43 960),
puis vers le camp d'Ellrich (kommando de Dora) où il mourrut
le 29 octobre 1944.
Louis Salaün
( Photo qui me touche beaucoup car Louis Salaün, qu'on évoquait, quelquefois,
dans la famille, on disait "Tonton Louis", a certainement
pris une place importante dans mon imaginaire d'enfant.
Si la déportation, les camps de concentration et d'extermination, mais aussi
bien sûr la Résistance, ont profondément et durablement marqué ma conscience,
il n'y est pas étranger...)
Extrait de "l'aéroplane de Touraine" consacré à l'histoire de l'aviation:
"D’autres aviateurs ont choisi la Résistance tourangelle, comme l’adjudant-chef
Louis Salaun, lui aussi originaire du Finistère (Bannalec). Plus âgé, il a quitté le
personnel navigant peu avant le conflit. De retour d’Afrique du Nord en mars 1941,
il travaille à la garde des communications où il est brigadier, à Montlouis.
Il rejoint la Résistance en juillet 1943, dans le groupe du capitaine Camille Maus,
chargé des opérations aériennes du mouvement Libération-Nord, dirigé en Touraine
par Jean Meunier. Louis Salaun participe d’ailleurs au parachutage du 8 septembre
à Semblançay (2). Le message radio pour déclencher la mission : « La montagne est verte »
ou « le poisson ne mord pas ». Le réseau est décimé à la suite de cette opération,
sans doute victime d’un manque de prudence. L’adjudant-chef Louis Salaun décède
au camp d’Ellrich le 29 octobre 1944."
Et un extrait du journal Ouest-France du 30/03/2916:
"Et puis il y a Louis Salaun. Peu de gens le connaissent et pourtant à Bannalec tout le monde
connaît Gus Salaun, célèbre musicien bannalécois, son frère aîné.
Mais sa vie le mènera loin de Bannalec. Il accomplit son service dans l'armée du Levant
puis reste dans l'armée et passe son brevet de pilote en 1922 et intégrera le 31e régiment
d'aviation d'observation de Tours. Après l'Armistice, il rentrera dans la Résistance, sera dénoncé
et déporté au camp d'Elrich où il décédera en 1944 après tortures et humiliations.
Après la guerre, des collègues de Tours ont fait porter à sa mère, Louise, l'hélice de la marque
Éclair d'un avion qu'il avait piloté, prêté par Gérard Salaun, son filleul."
Auguste Salaün a condamné toute sa vie, sans appel, ceux qui, soit-disant
dans l'intérêt de la culture bretonne, se jetèrent dans la
collaboration, les "breiz-atao" comme on disait alors.